Je suis la Grande Tisseuse,
L’Art’tisse du Destin, Celle dont l’Art de la Lisse (1) a pour dessein de guider la main des Trois Parques, des Moires ou bien des Nornes. J’invite aujourd’hui votre conscience à pénétrer mon art.
J’applique quelques règles d’usage :
D’abord, tendre le Fil entre l’ensouple du Ciel (2) et l’ensouple de la Terre : Il est la chaîne (3) qui soutiendra l’ouvrage.
Utiliser la baguette magique comme une navette cosmique.
Tirer les fils de trame (3) où court le va et vient des incarnations humaines.
Glisser aussi quelques Lys entrelacés… entrelissés, royale fleur garante de la pureté du geste.
Devenir Alys, l’Art’tisse de la Vie au Pays des Merveilles.
Et tisse et lisse la navette, Et court et glisse sur le vivant tissu qui infiniment défile. Laisse se dessiner les singuliers motifs aux formes différentes selon la tâche impartie à chacun, Selon aussi la trace laissée en traversant l'Ether, le Feu, l’Air, l’Eau et la Terre, aller et retour.
Voilà donc où s’inscrit le Destin !
Ne croyez pas pourtant qu’il soit prédéfini et immuable ! Les humains sont libres s’ils respectent les Lois. Acteurs de leur vie mais inscrivant leur forme sur le tissu divin. Responsables des conséquences si, en fabriquant des tissus de mensonges, ils génèrent une erreur dans le motif.
Quelqu’un a-t-il aujourd’hui a suffisamment d’étoffe pour me dire de quel tissu il est issu ? A-t-il cherché le germe dont vient le premier Fil ? Pourrait-il répéter sur Terre, à son humble manière, le geste créateur ?
Je veux bien en donner la recette. Libre à chacun de l'écouter comme une chansonnette
Ou bien de percevoir ce qu’elle reflète, et puis de s’y soumettre :
Qu’on commence par planter Dans une terre fertile La graine d’Unité Qui donnera le Fil. Qu’on laisse la plante pousser Jusqu’à maturité Puis, qu’on l’arrache et qu’on la décompose Pour extraire les Principes de toutes choses. Elle devra passer par différentes opérations (4) Ou se succéderont Rouissage, teillage et écochage, Peignage, cardage, filage et bobinage. Cela demande un peu de temps. Puis vient le blanchiment, Une opération à faire scrupuleusement Et suffisamment, Avant la Grande Aventure de la Teinture. Et quand tout sera prêt, C’est à moi de chercher Des bouches à utiliser Comme métiers à tisser. La langue sera parfaite Pour faire une navette Que je pourrai passer – C’est évident ! – Dans le peigne des dents (5). Alors, comme une onde Se tissera « la Parole du Monde », Le Verbe Créateur Dont l’Amour est au cœur.
Patricia
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Notes
(1) Deux techniques de tissage composent l’Art de la Lisse, utilisant deux métiers à tisser différents : le métier de haute lisse est composé de deux montants supportant deux cylindres mobiles (les ensouples), placées l’une dans la partie supérieure, l’autre dans la partie inférieure. Le tissage est ainsi réalisé à la verticale. Avec le métier de basse lisse, la chaîne se trouvant tendue sur un plan horizontal, le tissage se fait de façon horizontale. Voir ce site (2) Les deux parties du métier à tisser : l’un porte le fil de chaîne, l’autre enroule le tissu fabriqué. L’ensouple du haut porte le nom d’ensouple du ciel, celle du bas représente la terre. Ces quatre morceaux de bois symbolisent tout l’univers. (3) Le tissage est le résultat de deux sortes de fils : les fils de chaîne tendus sur le métier et provenant de l’ensouple. Ces fils sont disposés dans le sens de la longueur (ourdissage) et le fil de trame de couleur qui est passé à la navette entre les fils de chaîne. Ces fils de trame sont disposés dans le sens de la largeur (4) Ces opérations sont décrites dans la documentation fournie sur le Portail de « Pitre de la Chesnaie » (5) Evoque les mythes Dogons rapportés par l’ethnologue Marcel Griaule et sa fille, Geneviève Calame-Griaule
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